Les champions trotteurs de légende en France
08 - Les années 1980 (Jorky)
Jorky, par Kerjacques et Vanina B, premier vainqueur des quatre grands Critériums, champion classique, de classe internationale, victorieux en France, aux Etats-Unis, en Italie, en Suède, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Danemark…
La tête expressive de Jorky
Le beau Jorky et son incroyable pedigree
Jorky
Jorky lui est une exception, à la fois un prince né dans la pourpre, car fils du roi Kerjacques et de la reine Vanina B, et aussi le fruit d’un miracle, un miracle de la nature.
Il a été le premier à remporter les trois grands Critériums, tout en réalisant par la suite un palmarès international exceptionnel, avec des victoires aux Etats-Unis (Challenge Cup deux fois), en Suède (Elitloppet), en Italie (Grand Prix des Nations), en Allemagne (Elite Rennen, Prix des Meilleurs trois fois, Grand Prix de Recklinghausen, Grand Prix de Dinslaken), en Hollande (Grand Prix des Pays-Bas deux fois), au Danemark (Coupe de Copenhague)…
Premier trotteur à avoir remporté tour à tour le Critérium des 3 ans, le Critérium des 4 ans et le Critérium des 5 ans, il est le seul à ce jour à y avoir ajouté le Critérium Continental, ainsi que le Prix de l’Etoile. Il fut élu Trotteur de l’Année en France pour l’année 1980.
Mais Idéal du Gazeau et Lurabo lui barrèrent le chemin de la victoire pour ses deux seules participations au Prix d’Amérique.
Jorky est né le 4 juin 1975 chez Bernard Billard, déjà propriétaire de sa mère Vanina B, de sa grand-mère La Coulonces, au Haras La Coulonces, et sera, comme Eléazar, autre fils illustre de Kerjacques, entraîné et mené en course par Léopold Verroken.
Etant né tard dans son année, il débute tard aussi et ne court pas à deux ans.
Dès le débourrage, le poulain s’est révélé très bon malgré son tempérament turbulent.
Lorsqu’il était foal, il s’était abîmé une vertèbre en jouant, incident qui s’avéra heureusement sans gravité par la suite. En grandissant il se montre dominateur et peu facile.
Il débute à Vincennes le 3 avril 1978 dans le Prix Enif (2 750 m), et ne passe pas inaperçu en raison de ses origines prestigieuses ; tout le monde a les yeux braqués sur ce petit cheval bai, joueur et indocile, qui court la langue attachée, semblant se moquer de ceux auxquels il suscite tant d’intérêt, en leur tirant la langue. Son papier « par Kerjacques et Vanina B » n’est pas passé inaperçu, ce qui va suivre ne le sera pas non plus.
Beau et bien fait, (il fut premier au concours de modèle), avec une petite tête fine, intelligente et des yeux vifs, il a quelque chose de peu commune : une personnalité.
Ce jour-là, Serge Chavatte, l’un des collaborateurs de Léopold Verroken, est au sulky de Jorky. Après un tour de piste, Jorky vient prendre la tête, perd ses adversaires dans le virage, mais au moment de passer devant le poteau d’arrivée pour la deuxième fois, Serge Chavatte arrête son cheval, comme si la course était finie. Le peloton revient sur Jorky et le dépasse sans égard. S’apercevant de son erreur, Serge Chavatte relance son partenaire, qui malgré ses qualités indéniables ne peut faire mieux que septième. Son pilote écope d’une amende pour s’être trompé d’un tour. Il faut que Léopold Verroken prenne enfin les rênes pour que Jorky franchisse victorieux la ligne d’arrivée, au Croisé-Laroche, dans le Prix Tienneval (2 600 m) disputé le 21 mai 1978, en 1’22’’2. Il récidive aussitôt le 3 juin dans le bien nommé Prix Eléazar (2 575 m), une course évoquant le nom du brillant champion d’Alec Weissweiller, ce qui ne peut que porter chance à Léopold Verroken et à Jorky, son successeur en quelque sorte, qui battent en 1’25’’6, Joker du Pont et Jade de Quercy.
Jorky remporte sa première victoire à Vincennes le 23 août dans le Prix de Corbeil (groupe B, 2 600 m), en 1’22’’5, devant Jean Mesnil et Jatcheng. Suit le Prix d’Issigeac (2 250 m), qu’il gagne en 1’19’’6, en dominant facilement Jamborée, l’un des meilleurs de la génération. Jorky a bien plus de mal à venir à bout d’un autre des tous bons « J » Jordaens, un fils d’Ura, lors du Prix Victor Régis (2 600 m), dans lequel ils font afficher tous les deux 1’20’’8.
Malgré une courte défaite, Jorky est le favori du classique Critérium des 3 ans (2 600 mètres), épreuve reine de la génération des 3 ans attelés, qu’il remporte en 1’20’’2, très loin devant Jean, son dauphin d’alors, que suivent Jaquelle, Jalinotte, Joujou Tourterelle, Jalys du Roncey, le lauréat du Critérium des Jeunes…
La mort de Joyeux de Gournay, premier leader des « J » attelés, les déclins de Jigliana et de Jalys du Roncey laissent à Jorky le rôle incontesté de chef de file de la génération.
Jorky débute sa quatrième année par une victoire dans le Prix de Tonnac-Villeneuve, disputé le 21 janvier 1979 sur la distance de 2 600 mètres, mais de justesse devant Jean, qui prend d’ailleurs sa revanche sur son rival dans le Prix Jules Thibault (2 250 m), le fils de Vanina B ne parvenant pas à lui rendre 25 mètres. En terminant troisième derrière le bon Jacky Poprune, Jorky porte tout de même son record à 1’18’’8.
Mais dans le Prix Ephrem Houël (2 600 m), Jorky et Jean sont tous les deux pénalisés de 25 mètres, ce qui est aussi le cas de Jeune Orange, pouliche plus confirmée au trot monté. Jorky justifie sa position de favori en s’imposant sur le pied de 1’20’’3, devant Jean, Joachim, Jalys de Roncey, Jordaens…
Le printemps arrive avec une épreuve importante, le Prix Phaëton (2 250 m), course européenne, qui prépare au classique Critérium des 4 ans, le 21 mai 1979 à Vincennes. Le trotteur suédois Active Bowler justifie le caractère européen de l’épreuve.
Jean pour sa part a préféré se couvrir de gloire à Milan en remportant le Grand Prix d’Europe, épreuve qui a déjà valu à Hadol du Vivier un magnifique exploit deux ans plus tôt.
Jordaens semble s’envoler vers une victoire facile. Mais il s’enlève sans crier garde dans la dernière ligne droite, tandis que dans un sprint époustouflant, qui soulève l’admiration, Jorky, enfin libéré d’un piège, vient battre d’une bonne longueur Jacky Poprune, qui précède Jamborée. Jorky signe cette nouvelle victoire sur le pied de 1’20’’.
Il retrouve Jean pour partager avec lui la position de favori du classique Critérium des 4 ans (2 800 m), leur principal objectif de l’année, qui se dispute à Vincennes le 5 juin 1979. Ce jour-là, Jorky se montre impérial pour dominer tous ses contemporains avec une supériorité écrasante. Il franchit la ligne d’arrivée sur le pied de 1’20’’5, loin devant l’inattendu Jacob du Chignon (95/1), que suivent Jamborée, Jasmin Viking… Il ne lui reste plus qu’à remporter aussi brillamment le Critérium des 5 ans, pour que Jorky soit ainsi le premier trotteur de l’histoire à inscrire à son palmarès les trois grands Critériums, ce que Toscan, un autre grand « Kerjacques », n’avait pu faire.
Malchanceux à Enghien, Jorky et Javaza trouvent une belle revanche dans l’important Critérium Continental (2 100 m, départ à l’autostart), en prenant les deux premières places. Dans la ligne droite, Jorky se détache irrésistiblement de Javaza pour l’emporter de loin, dans un style impressionnant, tout en portant son record à 1’18’’2.
Il est battu lors de sa dernière sortie de l’année, dans le Prix Marcel Laurent (2 250 m), le 22 décembre 1979. Il est vrai que le gagnant n’est autre qu’Idéal du Gazeau lui-même, qui s’impose en 1’16’’9, devant le trotteur cagnais Icarios, impossible à confondre avec sa robe d’une étrange couleur sable. Jorky, à court de condition, se classe troisième devant Iris de Gournay, Ianthin, Idylle du Corta, Jordaens, Idylle Charmeuse, Istraeki… C’est la première fois qu’il est confronté à ses aînés, ce qui est plutôt encourageant.
Avec 934 000 francs de gains, Jorky est le troisième au classement des sommes gagnées en France pour l’année 1979 par les meilleurs trotteurs à l’attelage, derrière Idéal du Gazeau avec 1 275 000 francs et High Echelon, 1 021 000 francs. Mais parmi sa génération, il est toutefois dépassé par Jeune Orange, qui a gagné pas moins de 1 078 000 francs au monté et 46 000 francs à l’attelage, totalisant ainsi une somme de 1 124 000 francs de gains pour l’année 1979 contre 934 000 francs pour Jorky ; lequel Jorky a d’ailleurs un peu déçu en fin d’année, mais contrairement à Jeune Orange, qui ne va pas tarder à atteindre ses limites, il n’en est qu’au début de sa formidable ascension.
C’est d’ailleurs par une brillante victoire que Jorky commence sa carrière de « 5 ans », le dimanche 6 janvier 1980 dans l’important Prix de Croix (2 800 m), qu’il remporte en 1’20’’7, devant Jaquelle venue à la fin régler Jordaens.
Malgré cette brillante démonstration, Jorky, jugé encore un peu tendre, est écarté du Prix d’Amérique, dans lequel la génération des « J » n’est d’ailleurs pas représentée.
Léopold Verroken, le partenaire de Jorky, a un autre fils de Kerjacques à mener dans la grande épreuve, le fameux Eléazar, qui pour ses adieux au public décide de partir par la grande porte, en réalisant le magnifique doublé victorieux, Prix d’Amérique – Prix de France !
Effaçant un récent échec, Jorky triomphe de belle manière, en 1’19’’9, devant Igor du Beauvoisin, Fleur de Prère, Gars de Fontaine, dans le Prix du Plateau de Gravelle (2 600 mètres), un petit international disputé le 7 février à Vincennes.
Les deux premiers sont des fils de Kerjacques, étalon qui sera particulièrement à l’honneur durant ce meeting d’hiver avec les victoires de Gamélia (Prix de Cornulier), et d’Eléazar (Prix d’Amérique et Prix de France).
Igor du Beauvoisin renoue d’ailleurs avec la victoire dès la semaine suivante avec le Prix du Bois de Vincennes (2 250 m), qu’il remporte devant Jacob du Chignon.
Le lundi 18 février, Jorky accomplit un exploit lors du Prix de Sélection (2 275 m), le dernier classique du meeting d’hiver, qui permet de le revoir à départ égal face à Idéal du Gazeau. Comme Ianthin, Igor du Beauvoisin et cinq autres chevaux, ils ont la lourde tâche de rendre 50 mètres aux « 4 ans » : Kapulco, Képi Vert et Kaïd du Bignon.
On attend une réhabilitation de la part d’Idéal du Gazeau, qui n’a pas couru depuis son échec retentissant du Prix d’Amérique. Mais c’est Jorky, qui échoue d’un rien face à Képi Vert. Kaïd du Bignon est un courageux troisième. En trottant sur le pied de 1’16’’, Jorky a presque égalé le record de Bellino II (1’15’’9 sans autostart).
Jiosco, un magnifique alezan avec liste en tête, portant les couleurs de l’écurie Levesque, est quelques jours plus tard le héros du Prix Ovide Moulinet (2 250 m), qu’il gagne en 1’17’’4 devant Jaquelle, Jonc d’Anson, Jacob du Chignon…
Jiosco poursuit une belle ascension qui tôt ou tard va le placer sur la route de Jorky. En attendant, il va conquérir auprès des turfistes une incroyable popularité. Pour les connaisseurs, il est déjà le plus beau cheval de Vincennes.
Mais l’écurie Levesque a un autre champion, Hadol du Vivier, qui se couvre de gloire à Cagnes-sur-Mer en battant Idéal du Gazeau dans le temps record de 1’14’’1, à l’occasion du Grand Critérium de Vitesse de la Côte d’Azur (1 609 m).
Or, c’est précisément Hadol du Vivier, que Jorky affronte lors de sa sortie suivante, à Enghien, le 14 avril 1980, à l’occasion du Prix de l’Atlantique (2 150 m), un international très prisé avec départ à l’autostart.
Hadol du Vivier, grandi de son exploit cagnais, est le favori devant Jorky et Gadamès. Mais cette fille de Kerjacques se montre fautive au départ, alors que Jorky domine Hadol du Vivier pour remporter sa plus belle victoire d’alors en 1’17’’3. Hadol du Vivier, lui-même deuxième en 1’17’’4, précède de loin Fleur de Prère (1’18’’), Iris de Gournay (1’18’’), Granit, Jean, Infant d’Autize, Idylle Charmeuse, Gadamès…
Jorky fait désormais partie des trois meilleurs trotteurs du moment, puisque Eléazar, qu’il remplace brillamment, vient de prendre sa retraite. N’a-t-il pas triomphé d’Hadol du Vivier, pourtant vainqueur d’Idéal du Gazeau à Cagnes-sur-Mer ? Or, c’est ce même Idéal du Gazeau que Jorky a déjà devancé dans le Prix de Sélection.
Après ce brillant succès, le déjà fameux fils de Kerjacques et de Vanina B s’attaque au Grand Prix du Sud-Ouest (2 200 m), disputé le 27 avril à Toulouse, face aux meilleurs trotteurs du moment : Hadol du Vivier, Idéal du Gazeau, Hillion Brillouard…
Jorky prend un départ de choix et mène presque de bout en bout, toujours conduit par son mentor Léopold Verroken, qui espère bien remporter son troisième Grand Prix du Sud-Ouest, ayant déjà gagné les deux premiers avec Eléazar.
Après s’être assuré le meilleur sur Hillion Brillouard dans le dernier virage, Jorky semble avoir course gagnée. C’est alors que surgit Idéal du Gazeau, qui surprend son rival dans un sprint impressionnant pour le coiffer au poteau, en faisant afficher un temps de 1’16’’2. Jorky pour sa part est crédité de 1’16’’3, Hillion Brillouard est troisième en 1’16’’5. Hadol du Vivier, ombre de lui-même, a complètement cédé.
Battu de si peu à Toulouse, le champion de Bernard Billard tente de prendre sa revanche sur Idéal du Gazeau dans le Grand Prix de Bavière (2 100 m), disputé à Munich le 15 mai 1980. Cette sixième épreuve du Grand Circuit International marque un tournant important dans la carrière de Jorky car c’est sa première tentative hors de nos frontières.
Spécialiste de la course en tête, Express Gaxe se montre une fois de plus étonnamment rapide au départ de l’autostart pour se porter tout de suite à la corde et remporter de bout en bout une belle victoire, mais avec seulement une tête d’avance sur Jorky, qui est crédité de la même réduction (1’17’’4). Idéal du Gazeau se classe troisième à un peu plus d’une encolure du fils de Kerjacques, alors que tous les autres, dont Hillion Brillouard, finissent loin.
Pour son retour à Vincennes dans le Prix René Ballière (2 100 m) avec départ à l’autostart, disputé le 19 juin 1980, Jorky, bien que trottant 1’15’’8, égalant l’ancien record de la piste que détenait depuis peu Hillion Brillouard, ne peut rien contre un Idéal du Gazeau écrasant de supériorité, qui triomphe loin de son rival en un fantastique 1’15’’3.
Mais la performance de Jorky est suffisamment bonne pour qu’il puisse tenter l’aventure en Hollande le dimanche 29 juin 1980 à l’occasion du Grand Prix des Pays-Bas (2 600 mètres), la plus prestigieuse des épreuves de trot néerlandaises, disputée à La Haye, qu’il remporte en 1’16’’4, de très belle manière. C’est sa première victoire en terre étrangère. Mustard, à une longueur et un sulky, se classe deuxième devant Charme Asserdal, Ianthin, Express Gaxe, sur lequel Jorky prend ainsi une éclatante revanche.
C’est à Enghien que Jorky se fait applaudir pour son retour en terre natale. Il s’agit pour lui de remporter l’important Prix d’Europe (2 775 m), qui clôture le meeting d’été d’Enghien en beauté. Sa tâche n’est pas aisée car il doit rendre 25 mètres à de très bons chevaux comme Ino Ludois, et 50 mètres à Jonc d’Anson et quelques autres. Ino Ludois, au second poteau, un très bel alezan, fils de Quioco, avec liste en tête, se recommande de ses victoires dans les Prix Narquois (2 800 m), de Châteaudun (2 600 m), d’Etampes (2 100 m). Mais au premier poteau de départ de ce Prix d’Europe, il y a aussi Jonc d’Anson, un cheval en pleine ascension, dont la qualité va être confirmée. Un match à trois donc, sur trois échelons de départ.
Lorsque Léopold Verroken lance Jorky en pleine piste, celui-ci, sur une pointe de vitesse ahurissante, vient battre tous ses adversaires, remportant ainsi en 1’18’’9 une victoire mémorable. Jonc d’Anson domine James Pile pour la deuxième place, alors qu’Ino Ludois, quatrième, précède Granit, Infant d’Autize, Iris de Gournay, Gary Mab…
Trois jours plus tard, se court à Vincennes l’important Prix Jockey (2 250 m), une course continentale qui tient lieu de test avant le classique Critérium des 5 ans.
Jorky, qui a préféré se couvrir de gloire à Enghien, est absent, mais la course vaut le déplacement car elle a retenu de talentueux et prometteurs « 5 ans », dont le fameux Jiosco. Toujours associé à la célèbre casaque jaune à croix de Lorraine noire de l’écurie Levesque, le magnifique alezan va une fois de plus justifier la confiance de ses nombreux admirateurs. En avant-goût de l’inévitable match au sommet avec Jorky dans le Critérium des 5 ans, ils assistent à un nouvel exploit de Jiosco, exploit qui faisant suite à celui de Jorky dans le Prix d’Europe doit tenir les passionnés du trot et habitués de Vincennes en haleine jusqu’au jour du couronnement suprême pour les meilleurs « 5 ans ». Qui de Jorky ou de Jiosco va l’emporter ? La question captive le monde du turf. En attendant, Jiosco rallie victorieusement le poteau en 1’18’’1, précédant Jeff, Jarnac de Pirjou, Jacob du Chignon, Joyeux Chambon, Jaquelle, Javaza et Jalinotte.
Après cette brillante démonstration, Jiosco s’annonce comme le plus redoutable adversaire de Jorky, le plus apte à mettre sa couronne en péril lors du Critérium des 5 ans (3 000 m), disputé le samedi 30 août 1980. Un jour qui s’avère « historique » car si Jorky s’impose, il réalise un exploit unique dans les annales du trotting : remporter le Critérium des 5 ans, après avoir déjà gagné le Critérium des 3 ans et le Critérium des 4 ans.
Jorky et Jiosco trouvent cependant en Jeff un talentueux challenger, ne comptant pas moins de six victoires depuis le début de l’année 1980.
Au signal, Jorky et Jiosco s’élancent tous deux côte à côte dans un style impeccable, qui force l’admiration. Et puis soudain, à 300 mètres du départ, Jiosco se braque, se met à la faute pour se retrouver bon dernier. Javaza en tête imprime à la course une allure soutenue jusqu’au dernier tournant. Là, Jorky irrésistible se débarrasse de Javaza et effectue un spectaculaire « cavalier seul » dans la ligne droite sous les rugissements de la foule en délire. Ecrasant de supériorité, il franchit victorieusement le poteau sur le pied de 1’18’’5. A distance, Javaza contient aisément l’attaque de l’inattendue Jézabel d’Ouches.
Ainsi Jorky entre dans l’histoire, remportant le Critérium des 5 ans après avoir déjà gagné les Critériums des 3 et 4 ans et le Critérium Continental, exploit unique dans les annales du trotting. Mais il réalise une autre prouesse, celle de battre le record de l’épreuve établi un an plus tôt par Idéal du Gazeau en 1’18’’6. Or, Idéal du Gazeau avait pris le record à Vanina B, la mère de Jorky, qui remporte ce Critérium des 5 ans, dix ans après sa mère et vingt et un ans après son père Kerjacques.
Ceux qui espéraient un duel Jorky – Jiosco restent sur leur faim, le match tellement attendu est remis à plus tard, suite à l’inexplicable comportement de Jiosco, qui après un très beau passage n’a pratiquement jamais trotté.
A une semaine de là, Jorky remet son prestige en jeu dans le classique Prix de l’Etoile, mais il n’a pas besoin de forcer son talent pour battre en 1’17’’7 Javaza et Jézabel d’Ouches.
En mai, Jorky a disputé à Munich le fameux Grand Prix de Bavière pour s’octroyer une probante deuxième place derrière le suédois Express Gaxe, sur lequel il prenait une sérieuse revanche en Hollande. Le dimanche 5 octobre, une autre grande épreuve bavaroise rappelle Jorky à Munich ; il s’agit du Prix des Meilleurs (2 600 m), doté de 200 000 DM. Cette très belle course a souvent été l’apanage des trotteurs français et Jorky ne doit pas faire exception à la règle. Outre Jorky, la France a également délégué Hillion Brillouard, Igor du Beauvoisin et le tenant du titre, Ejakval, qui tente le doublé, que seul Hairos II a pu réaliser. Aussi est-ce Jorky le favori, devant Mustard et Madison Avenue.
Seule à partir au premier poteau, la pouliche Sabinette s’élance devant Super Mon, Keystone Patrol, Igor du Beauvoisin, Jorky et Ex Lee, alors qu’Hillion Brillouard rate son départ. Au passage devant les tribunes, Sabinette emmène Super Mon, Jorky, qui s’annonce. A l’entrée du dernier virage, Jorky dépasse Sabinette pour s’échapper irrésistiblement vers une victoire époustouflante, qu’il signe en 1’17’’8, battant de plus d’une seconde tous ses adversaires, qu’il vient vraiment de ridiculiser. C’est finalement Mustard, qui arrive deuxième devant Ejakval, Madison Avenue, Igor du Beauvoisin…
Jorky remporte ainsi sa cinquième victoire consécutive et la huitième de l’année 1980. Quant à Léopold Verroken, c’est la quatrième fois qu’il gagne le Prix des Meilleurs, l’ayant déjà remporté avec Tony M (1970), Arménie (1973) et Eléazar (1976).
Le dimanche 19 octobre 1980, Jorky peut se permettre un petit déplacement de formalité en terre picarde, à Amiens, pour le Prix du Président Emile Fossé (2 400 m), avec départ à l’autostart, qu’il remporte avec aisance, en 1’17’’6, très loin devant Istraeki, Jacob du Chignon, Javaza, Infant d’Autize…
Il reste à Jorky le Grand Prix des Nations (2 100 m), disputé à Milan, la dernière épreuve du Grand Circuit Européen et la mieux dotée des courses internationales en Italie après le Grand Prix de la Loterie de Naples.
Parvenu sans encombre dans la Péninsule, Jorky fait figure d’épouvantail pour les tifosi, qui n’hésitent pas à en faire leur favori.
Au passage des tribunes, Jorky tel un fantôme émerge du brouillard, fréquent sur la région milanaise à cette époque de l’année, pour triompher en solitaire, en 1’16’’4, loin devant Crown’s Pride, Chorus Master et Mustard, qui se classent dans cet ordre.
Ce nouveau succès de Jorky lui permet de ravir à Hillion Brillouard la troisième place au classement du Grand Circuit International 1980, derrière son compatriote Idéal du Gazeau et le suédois Express Gaxe.
Quelques temps après, Jorky est à Vincennes pour disputer le Prix Marcel Laurent (2 250 mètres), une course qui s’annonce passionnante, car il a seul la tâche redoutable de rendre 50 mètres à Larabello, le récent vainqueur du Critérium des 3 ans, et 25 mètres à tous ses autres adversaires, dont le fameux suédois Mustard, qu’il a déjà eu l’occasion de battre sur plusieurs pistes étrangères, notamment à Milan. Mais le match poursuite tourne court, Larabello seul à partir au premier poteau, s’élance au galop et est arrêté peu après, tandis qu’au second poteau, Mustard, selon sa mauvaise habitude, rate complètement son départ, laissant s’échapper toutes ses chances. Dans ces conditions, il ne reste plus à Jorky qu’à combler rapidement son handicap de 25 mètres sur les autres concurrents pour signer en 1’17’’6 sa huitième victoire consécutive et la onzième de l’année. Il mérite donc pleinement le titre de « Trotteur de l’Année 1980 » en France, d’autant qu’il détient aussi le record des gains pour l’année 1980 dans notre pays (toutes catégories comprises).
Ainsi, avec 1 532 000 francs, Jorky précède Kaiser Trot, le roi du monté, (1 484 000 francs), Ianthin (1 025 000 francs), Eléazar (920 000 francs), Jeune Orange (726 000 francs), L’Alezan (718 000 francs), Ino Ludois (710 000 francs), Jolenka (637 000 francs), Kali Baba (630 000 francs), Jeff (623 000 francs), Idéal du Gazeau (602 000 francs)… Entre autres, Jorky porte ses gains à 3 764 937 francs.
Kerjacques, le père de Jorky
Vanina B, la mère de Jorky
Eléazar remporte le Prix d’Amérique 1980
Gamélia, gagnante du Prix de Cornulier 1980
Jorky bat Hadol du Vivier dans le Prix de l’Atlantique 1980
Jorky et Léopold Verroken
Jorky vainqueur du Grand Prix des Pays-Bas 1980 à La Haye
Jeune Orange
Jiosco
Jamborée
Jacob du Chignon
Javaza et Iris de Vandel
Jet d’Emeraude
Jézabel d’Ouches. (Photo de Francis Annocque)
Jiosco et Idéal du Gazeau. (Photo de Francis Annocque)
Jonc d’Anson. (Photo de Francis Annocque)
Jordaens. (Photo de Francis Annocque)
Jarnibleu. (Photo de Francis Annocque)
Jorky et Ianthin, qui reste sur sa victoire dans le Prix de Bourgogne, se retrouvent face à face à l’occasion du Prix de Belgique (2 600 m), dernier test avant le Prix d’Amérique, disputé le dimanche 11 janvier 1981.
Cette première rencontre entre Jorky et Ianthin à Vincennes, marque aussi la rentrée d’Hadol du Vivier, absent des pistes depuis de longs mois, et présente pour la première fois sur le plateau de Gravelle deux trotteurs américains, le mâle Club Special et surtout la fameuse pouliche nommée Classical Way.
Sa venue à Vincennes, parée de son titre de championne du monde conquis aux dépens d’Idéal du Gazeau, auréolée de ses deux victoires sur notre champion le plus populaire et de ses succès californiens dans l’American Trotting Classic d’Hollywood Park, qui lui valurent le titre de « Trotteur de l’Année 1980 » aux USA, fait figure d’évènement. C’est donc à un Prix de Belgique particulièrement sélectif que l’on va assister.
En raison de leurs gains élevés, Jorky et Hadol du Vivier ont 25 mètres à rendre à tous leurs adversaires, dont Ianthin, qui tente un exploit unique, celui de remporter les quatre épreuves préparatoires au Prix d’Amérique, ayant déjà gagné les trois premières (Prix de Bretagne, Prix du Bourbonnais, Prix de Bourgogne).
Classical Way, que le public a en point de mire, rate son départ, comme d’ailleurs Ino Ludois, mais elle place ensuite un rush suicidaire pour se porter en tête avant même d’avoir atteint le tournant de Joinville. Très vite, Ianthin toujours aux aguets vient se placer dans son sillage, pour la relayer dans la montée où la jument se retrouve sans ressource. Et c’est finalement, Ianthin qui rallie victorieusement le poteau pour la dixième fois consécutive en France, mais Jorky dans une fin de course étourdissante vient finir à une encolure du vainqueur, réalisant la réduction de 1’17’’2 pour 2 625 mètres, rejoignant ainsi l’exploit de Grandpré, qui a trotté les 2 600 mètres du Prix d’Amérique 1978 en 1’16’’9. Ianthin pour sa part est crédité de 1’17’’8, son record sur la distance. Igor du Beauvoisin est un inattendu troisième en 1’18’’1, Ilienne remarquable quatrième en 1’18’’5.
En raison de cette performance étonnante, Jorky devient le « favori officiel » du prochain Prix d’Amérique. On le préfère en effet à Idéal du Gazeau, qui n’est pas reparu en piste depuis sa quatrième place du Prix de Bourgogne, mais aussi à Ianthin et Classical Way, les deux autres chevaux les plus en vue pour compléter ce tiercé royal.
Le dimanche 25 janvier 1981, Jorky est donc pour des millions de turfistes le héros du jour, le favori du 60e Prix d’Amérique, malgré la présence au départ d’autres champions, comme Idéal du Gazeau, son grand rival, Ianthin, Classical Way, Grandpré, vainqueur de cette épreuve en 1978 et toujours détenteur du record, High Echelon, qui a triomphé l’année suivante. On émet de vifs regrets pour le hongre Iris de Vandel, le banni, qui aurait eu sa place parmi cette brochette de vedettes, mais curieusement les absences d’Hadol du Vivier, d’Igor du Beauvoisin, de Jiosco et de Képi Vert passent sous silence.
A 16 heures 30, c’est le départ, un départ excellent pour Idéal du Gazeau, qui entre le premier sur la piste après la volte. Ianthin est également très vite et très bien parti, mais Jorky se trouve enfermé derrière trois rangées de chevaux. Classical Way cherche en vain l’autostart. Ino Ludois et Mustard ratent également leur départ.
Le cas de Classical Way semble le plus critique : elle perd près de trois secondes au départ, soit une cinquantaine de mètres.
Au passage devant les tribunes, c’est Ianthin qui se montre le plus allant, le plus résolu pour mener la course devant High Echelon superbe d’allure et Idéal du Gazeau, qu’Eugène Lefèvre maintient à pleins bras. Jorky est enfermé au sein du peloton, environ en dixième position. Classical Way quant à elle est bonne dernière et encore décollée.
Ianthin aborde en tête le tournant de Joinville où Club Special déchaîné dépasse Grandpré en véritable bolide, puis se rabat brusquement sur son adversaire, qui ne peut éviter la faute. Gêné à son tour, Ianthin, qui a déjà commis une petite faute peu avant le passage des tribunes, monte sur les rênes de l’américain, cogne son sulky et se désunit complètement, entraînant High Echelon dans sa faute. Alors c’est la panique, sauf pour Idéal du Gazeau, qui en profite pour prendre le large. Mais derrière lui ça va très mal.
Coup de théâtre ! Ianthin est disqualifié, Jonc d’Anson et Jacob du Chignon sont également à la faute. Le peloton se tasse. Jorky se retrouve pratiquement arrêté et perd ainsi une trentaine de mètres sur son grand rival Idéal du Gazeau, qui désormais ne sera plus rejoint.
Dans la montée, Idéal du Gazeau, hors d’atteinte, en profite pour accélérer la cadence. La partie est gagnée pour lui, il s’envole vers la gloire.
Le peloton se regroupe. Jorky, Classical Way et Ino Ludois trouvent enfin le passage. Classical Way prend un instant l’avantage sur Jorky, mais celui-ci se défend comme un diable ; il passe Kampion Creiomin, puis Illera et se lance ventre à terre à la poursuite d’Idéal du Gazeau, entraînant Classical Way dans son sillage.
On assiste alors à une remontée fantastique de Jorky, à un véritable exploit. Jamais sans doute, il n’a été aussi vite. Pendant quelques instants, un silence interrompt les hurlements de la foule enthousiaste, qui encourageait Idéal du Gazeau. C’est que Jorky semble sur le point de rejoindre le petit cheval noir. Mais ce n’est qu’une illusion, Jorky est parti de trop loin et Idéal du Gazeau l’emporte brillamment tandis que les tribunes résonnent de partout sous les clameurs enfiévrées de ses innombrables supporters.
A distance, Classical Way s’octroie une magnifique troisième place et plus loin encore c’est Istraeki qui termine bon quatrième devant Illera.
Dans le Prix de France (2 100 m), c’est Classical Way et non Jorky, qui s’octroie une éclatante revanche ; réalisant un véritable exploit, elle abaisse le record de la piste de Vincennes à 1’14’’2. L’ancien record de la piste était en 1’15’’3 l’apanage d’Idéal du Gazeau. La malchance s’est encore acharnée sur Jorky, obligé de renoncer à la victoire après avoir été mis hors de course par un concurrent.
Heureusement, il lui reste le Prix de Paris (3 150 m) disputé le dimanche suivant. Ce Prix de Paris a retenu la participation de quinze trotteurs de qualité.
En tant que second du Prix d’Amérique, Jorky est le seul à rendre 25 mètres, ce qui ne l’empêche pas d’être le grandissime favori. Pour mieux justifier cette position, il est d’ailleurs débarrassé d’Idéal du Gazeau et de Classical Way, qui tous deux s’en sont allés goûter un repos bien mérité, après leurs exploits du Prix d’Amérique et du Prix de France.
Ianthin et Istraeki deviennent a priori les principaux adversaires de Jorky, mais il peut aussi redouter Igor du Beauvoisin, excellent dans le Prix de Belgique.
Après le défilé, les chevaux se rangent à leurs lignes de départ, tandis que les jumelles des innombrables spectateurs se braquent sur Jorky, seul à partir 25 mètres derrière les autres.
Il prend d’ailleurs un excellent départ et, tout impatient de justifier la confiance de ses innombrables supporters, refait son handicap en un temps éclair !
Dès le premier tournant, Jorky prend la tête et, à environ 300 mètres du but, porte le « coup de grâce » dans un sprint irrésistible. Ianthin lâche prise.
C’est Istraeki qui vient prendre le meilleur sur Igor du Beauvoisin, et l’on note le rush final de Grande Source longtemps attardée.
La fin de course est splendide ; nettement détaché, Jorky franchit victorieusement le poteau d’arrivée dans un style éblouissant, qui cause une très grosse impression.
Istraeki est encore un superbe second, tandis qu’Igor du Beauvoisin et Grande Source terminent dans la même battue. La photo les départage au profit de la jument.
Jorky signe cette nouvelle victoire, sa première de l’année, sur le pied de 1’18’’7, le deuxième meilleur temps de la course après les 1’18’’3 réalisés par Bellino II en 1975, alors qu’il rendait 50 mètres à Cette Histoire et Casdar.
La supériorité de Jorky est indéniable, car Istraeki est crédité de 1’19’’5, Grande Source et Igor du Beauvoisin de 1’19’’6, High Echelon de 1’19’’8 et Ianthin de 1’19’’9.
Le hasard est parfois bien étrange, car au lendemain de cette superbe victoire de Jorky, le monde hippique est bouleversé par la nouvelle de la mort de son illustre père, Kerjacques, celui que l’on nomme à juste titre « l’étalon du siècle ». Kerjacques s’est éteint au matin du lundi 9 février 1981, au haras national d’Angers où il fonctionnait comme étalon depuis 1960. Il était âgé de 27 ans.
Sans doute, Jorky est-il encore sous le coup de l’émotion que lui cause la mort de son célèbre père, lorsqu’il court le classique Prix de Sélection, avec 50 mètres de handicap, car il cause une vive déception, se montrant fautif, et terminant cinquième, mais en bolide.
Cette contre-performance inattendue de Jorky lui vaut une mise au repos et il laisse ainsi passer deux engagements. Il choisit de faire sa rentrée en Allemagne, dans le Grand Prix de Recklinghausen, disputé le dimanche 5 avril, qu’il remporte dans un sprint décisif, en 1’14’’8, son nouveau record. Keystone Patrol, deuxième, est pour sa part crédité de 1’15’’2.
Le dimanche 31 mai 1981 est un jour exceptionnel pour le trotting européen et les amateurs qui ont fait le déplacement à Stockholm vont être servis, car sur l’hippodrome de Solvalla, dans la banlieue de la capitale suédoise, se court l’Elitloppet, le Grand Prix de l’Elite Internationale (1 609 m) 800 000 KRS d’allocation, soit 832 500 francs. L’Elitlopp ou Elitloppet est considéré à juste titre comme l’épreuve la plus dure d’Europe. Elle se dispute en au moins deux épreuves de qualification, une finale et une consolation pour les non qualifiés. Le départ est donné à l’autostart et la distance, le « mile » (1 609 m), permet toujours d’enregistrer des temps record sur cette piste particulièrement rapide.
Des champions comme Eléazar, Hadol du Vivier, Idéal du Gazeau y ont tous établi leur meilleure réduction kilométrique et le palmarès de cette épreuve prestigieuse s’orne de noms illustres dans l’histoire du trot.
Cette année encore, le vainqueur sera un champion d’exception, la France, les Etats-Unis, l’Italie, l’Allemagne, la Finlande et les Pays Scandinaves ayant délégué quelques-uns de leurs phénomènes, ceux qui paraissent « les mieux affûtés », la victoire en finale, dans une telle compétition, tenant toujours de l’exploit.
Deux épreuves de qualification sont prévues avec chacune huit partants.
La France est très bien représentée par trois sujets de grande valeur, le tenant du titre Idéal du Gazeau, vainqueur du Prix d’Amérique et leader actuel du Grand Circuit International, Jorky, son éternel rival, second du Prix d’Amérique et vainqueur du Prix de Paris, Jet d’Emeraude, le troisième français, loin de valoir ses deux compatriotes, se recommande pourtant de deux excellentes performances en Allemagne, troisième de Jorky dans le Grand Prix de Recklinghausen et deuxième d’Ianthin dans le Grand Prix de Bavière.
Jorky s’est vu assigner le n° 6 derrière l’autostart dans la première épreuve. Il est ainsi confronté à Burgomeister, le favori de cette course, le grand champion de l’écurie Haughton. Un seul point noir en ce qui concerne le champion américain que mène Billy Haughton, il s’est esquinté un genou dans un choc lors de son embarquement à New York et un vétérinaire a dû faire le déplacement pour le soigner à la hâte durant le transport. Le genou fut maintenu dans de la glace, juste avant d’être pansé pour la course. La question est de savoir si le pansement va tenir suffisamment longtemps. Burgomeister est le vainqueur tragique de l’Hambletonian 1980 ; il était alors drivé par Billy Haughton, car son jeune propriétaire, Peter Haughton, le fils de Billy, venait de se tuer en voiture sans pouvoir réaliser son rêve.
Le départ ayant été repris, Ex Lee est le plus rapide au second essai, bientôt rejoint par Speedy Min, dans une superbe action, pour entrer en tête dans la ligne d’arrivée, alors que Burgomeister passe à l’offensive ; plaçant un démarrage foudroyant, il dépasse tous ses adversaires pour s’envoler vers le poteau. Jorky réagit à son tour, et revient en flèche sur Burgomeister. Mais celui-ci conserve à temps un net avantage.
Arrivent ensuite Speedy Min, Valuable Donut et Ex Lee.
Une grande clameur secoue bientôt les tribunes lorsque les temps de la course sont affichés. En effet, pour sa première tentative en Europe, Burgomeister réalise un exploit ; en trottant sur le pied de 1’13’’, il bat non seulement l’ancien record de la piste établi en 1’13’’2 par Pershing et Hadol du Vivier, mais par la même occasion le record du trot sur le continent, qui était en 1’13’’1 l’apanage d’Hadol du Vivier depuis 1978. Or Jorky a réalisé 1’13’’1 !
Idéal du Gazeau, l’autre favori, remporte le second heat et porte son record à 1’13’’5.
La finale s’annonce particulièrement alléchante, on attend beaucoup du duel Burgomeister – Idéal du Gazeau, les deux vainqueurs des éliminatoires, mais dans l’ensemble l’américain est préféré au français ; son record de 1’13’’ a vraiment impressionné le public.
Burgomeister est donc le favori, devant Idéal du Gazeau et Jorky.
Speedy Min démarre en trombe, mais Valuable Donut lui prend l’avantage en face et imprime une cadence très rapide, alors que Jorky, Super Mon, Burgomeister et Idéal du Gazeau se rapprochent progressivement avant le dernier virage.
Là Jorky, dans un bel élan, rejoint Speedy Min. Super Mon et Pamir Brodde se rapprochent également pour se mêler au débat. Mais Burgomeister, dont la douleur au genou s’est réveillée, éclate subitement, perdant toutes ses chances. Il finit la course en boitant, gênant Idéal du Gazeau, en l’obligeant à se déporter tout à l’extérieur ; irrémédiablement, les deux favoris sont battus.
La victoire va se jouer sur une pointe acérée entre Jorky, Speedy Min, Super Mon et Pamir Brodde, alors que Valuable Donut doit s’incliner avec les honneurs.
Surprenant d’aisance, Jorky place son finish mortel pour rallier victorieusement le poteau d’arrivée sous les acclamations de la foule enthousiaste. Le fils de Kerjacques s’est montré vraiment impressionnant de supériorité, signant cette victoire dans la réduction de 1’13’’2.
A distance, Speedy Min s’octroie en 1’13’’5 une probante deuxième place devant Pamir Brodde (1’13’’6), Super Mon (1’13’’6), Crown’s Pride (1’13’’8), Idéal du Gazeau seulement sixième en 1’14’’3, Valuable Donut et le malchanceux Burgomeister.
Ainsi, Jorky succède à Idéal du Gazeau dans cette épreuve prestigieuse, mais les deux champions ont tous les deux rendez-vous au Danemark pour une éventuelle revanche.
Quant à Léopold Verroken, c’est la troisième fois qu’il remporte l’Elitloppet de Stockholm, l’ayant déjà gagné en 1976 avec Dimitria et en 1977 avec Eléazar.
Le lundi 8 juin 1981, Idéal du Gazeau et Jorky se retrouvent dans la capitale danoise pour disputer sur l’hippodrome de Charlottenlund la Coupe de Copenhague (2 011 m), septième épreuve du Grand Circuit International.
De la part d’Idéal du Gazeau on attend une revanche ou du moins une réhabilitation.
Le plateau de vedettes est encore exceptionnel puisque l’on retrouve la plupart des participants de l’Elitloppet : Burgomeister, Speedy Min, Pamir Brodde, Crown’s Pride…
En raison de sa blessure au genou, Burgomeister est un partant douteux.
Or, il est finalement déclaré forfait en dernière minute. Décidément, ce Burgomeister est un cheval marqué par le Destin.
L’année dernière, Idéal du Gazeau était aussi le vainqueur de la Coupe de Copenhague, une très belle épreuve dotée de 500 000 KRD d’allocation, qui compte déjà à son palmarès les victoires de Wiretapper (1976), Keystone Pioneer (1977), Pershing (1978), Charme Asserdal (1979), Idéal du Gazeau (1980).
L’étonnant Speedy Min déboule encore le plus vite derrière l’autostart, mais Jorky, dans une forme éblouissante, ne laisse à personne le soin de mener la course, prenant tête et corde pour imposer un rythme endiablé, jusque dans la ligne d’en face. Là, Idéal du Gazeau ne s’avoue pas encore battu, prend un léger avantage sur Speedy Min, puis se poste en embuscade dans le dos de son rival français. Jorky entame la ligne d’arrivée en tête devant Idéal du Gazeau, qui attaque, mais son rival se montre intraitable. Jusqu’au bout, Jorky va le tenir en respect pour s’octroyer une très nette victoire sous les ovations du public déchaîné. Jorky triomphe de belle manière sur le pied de 1’16’’3. Idéal du Gazeau est bon deuxième en 1’16’’4, Speedy Min excellent troisième en 1’16’’5.
Jorky prouve une fois de plus qu’il est bien le meilleur ; il ne doit pas en rester là. Alors qu’on apprend que Classical Way, après un « mariage » avec l’illustre Nevele Pride, abandonne définitivement la compétition, Jorky lui se retrouve en point de mire à Vincennes où se dispute l’important Prix René Ballière (2 100 m) avec départ à l’autostart.
Cette grande épreuve disputée le jeudi 18 juin 1981 est attendue avec impatience par les habitués de Vincennes et les amateurs de trot. On espère en effet assister à deux duels exceptionnels dans la même course, le premier entre Idéal du Gazeau et Jorky pour la victoire, le deuxième entre Ino Ludois et Jiosco pour la troisième place.
Malheureusement, Idéal du Gazeau, qui vient de subir deux cuisantes défaites contre Jorky, est déclaré forfait et Jiosco, restant sur trois victoires consécutives, préfère en rester là pour le moment. (Ianthin lui s’est gravement blessé à l’herbage, en revenant de Munich).
Par conséquent, Ino Ludois devient le principal challenger de Jorky. Il se recommande surtout de sa victoire sur Iris de Vandel en nocturne. En forme optimale (comme toujours à cette époque de l’année), Ino Ludois va remarquablement tenir son rôle dans ce Prix René Ballière, bien qu’ayant tiré le plus mauvais numéro derrière l’autostart, le 9, tout à l’extérieur.
Jorky profite de sa position privilégiée pour prendre aussitôt la tête et la corde et ne plus la quitter jusqu’au poteau d’arrivée, mais Ino Ludois, auteur d’une spectaculaire remontée, le rejoint pour aborder avec lui le dernier tournant. Ensemble, ils creusent le trou à l’entrée de la ligne droite. Irish Glory, tout à fait étonnant à ce niveau, se retrouve en troisième position.
A mi-ligne droite, Jorky mollit et Ino Ludois se montre de plus en plus menaçant.
Léopold Verroken a besoin de solliciter son partenaire, qui résiste de justesse à l’assaut final très incisif d’Ino Ludois. Sur une pointe de vitesse efficace, Illera s’octroie une probante troisième place devant l’inattendu Irish Glory.
Jorky, qui a donné chaud à ses partisans, est crédité de la même réduction kilométrique qu’Ino Ludois, une réduction excellente d’ailleurs de 1’15’’9.
A quelques jours de là, Jorky, qui est d’ores et déjà le premier trotteur français engagé dans le futur Championnat du Monde à New York, a encore quelques démonstrations élogieuses à effectuer en Europe, avant son départ pour l’Amérique.
D’abord, il s’en va en Hollande, à La Haye, sur l’hippodrome de Duindigt, pour disputer le Grand Prix des Pays-Bas (2 600 m), qu’il a déjà remporté l’an dernier. Parti grandissime favori, il va fort brillamment justifier la confiance de ses partisans en triomphant sans la moindre inquiétude, en 1’18’’4. Keystone Patriot a le temps d’ajuster Mustard pour la deuxième place, tandis que Keystone Patrol se classe quatrième devant Speedy Min, qui déçoit. Le terrain alourdi par la pluie incessante n’a pas permis à Jorky d’établir un record, mais il signe ainsi sa quatrième victoire consécutive et paraît fin prêt pour faire aussi bien de l’autre côté de l’Atlantique.
Le dimanche 12 juillet 1981 se dispute la neuvième épreuve du Grand Circuit International, l’Elite Rennen (2 500 m) de Gelsenkirchen avec 200 000 DM d’allocation.
Jorky, en forme éblouissante, ne peut manquer ce déplacement et une fois de plus il va être le grandissime favori. Cette épreuve prestigieuse compte déjà à son palmarès les noms de quelques trotteurs illustres, comme Gélinotte (1956), Icare IV (1958), Hairos II (1959), Une de Mai (1971), Dart Hanover (1973), Equiléo (1974), Bellino II (1975), Eléazar (1976), Pershing (1977 et 1979), Hadol du Vivier (1978) et Idéal du Gazeau (1980).
Jorky se doit d’y ajouter le sien.
Keystone Patriot est le plus rapide au départ derrière l’autostart, mais se voit aussitôt rejoint par Keystone Patrol, Khali de Vrie, Jorky, Speedy Min, Jeff et Mustard, tandis que Jet d’Emeraude se désunit, perdant toutes ses chances.
Dans un élan déterminé, Jorky prend très tôt le commandement pour finalement s’imposer sur le pied de 1’17’’1 ; avec un total de 15 points, il rejoint Idéal du Gazeau à la tête du Grand Circuit International, prouvant par la même occasion qu’il est vu sa forme actuelle le meilleur trotteur d’Europe après ses cinq succès consécutifs remportés à Stockholm, Copenhague, Vincennes, La Haye et Gelsenkirchen.
Son prochain objectif va être le Championnat du Monde des trotteurs, pour lequel il retrouve son grand rival Idéal du Gazeau, l’entourage de celui-ci s’étant finalement décidé à engager son champion dans la grande aventure, le samedi 25 juillet 1981, jour de la 23e édition du Roosevelt International Trot (200 000 dollars d’allocation, 2 011 mètres).
Jorky et Idéal du Gazeau, les deux meilleurs trotteurs d’Europe, qui se partagent la première place du Grand Circuit International, y représentent la France. D’autres trotteurs européens ont été invités : le suédois Pamir Brodde, les italiens Ceox et Gibson.
Les autres trotteurs étrangers engagés dans ce Championnat du Monde sont le canadien Horton et l’australien Tartan Lawn. Mais il arrive trop tard, ce qui permet l’invitation pour la première fois d’un trotteur argentin, Arin Baritono. Après le forfait de Gibson, il y a donc huit chevaux au départ de ce Roosevelt International Trot 1981.
Arrivé précédé de l’excellente réputation que lui valent ses récents exploits, Jorky est le grand favori de la course avec une cote de 2/1, devant l’américain Motor Mouth à 3/1, Idéal du Gazeau (5/1) et Kading.
Jorky débute sur l’anneau new-yorkais, mais ce n’est pas la seule raison de sa défaite. Tout le monde connaît Jorky, du moins tous les habitués des courses connaissent son tempérament particulièrement « chaud ». Ce soir-là, une fois de plus il est au comble de l’énervement, de l’excitation ; pire encore, entassé dans un hangar avec d’autres chevaux mâles et femelles, il vire à l’étalon, ne tenant plus en place. Il était prêt à mordre un rival éventuel pour s’offrir une belle pouliche. Dans les quelques heures qui vont précéder la grande course, il va gaspiller tout son influx nerveux. Durant le magnifique défilé, il ne tient pas en place et doit être maintenu à l’écart des autres concurrents. Pendant le canter, Léopold Verroken le sent mou, Jorky a déjà perdu la course en perdant toute son énergie à jouer les séducteurs.
Comme on s’y attendait, il se laisse prendre de vitesse au départ par l’américain Motor Mouth, qui s’installe à la corde, alors qu’Idéal du Gazeau s’empresse de refermer le piège sur son rival français, le maintenant dans la « boîte » ; dès lors, il n’a plus qu’à contrôler les opérations. Mais il vire mal sur cette piste et Jorky revient sur lui ; dans une fin de course impressionnante, il termine à une encolure d’Idéal du Gazeau, mais dans la même réduction kilométrique de 1’15’’7, le troisième meilleur temps de l’épreuve.
Or, Roosevelt Raceway invite comme chaque année les cinq premiers du Championnat du Monde à disputer la revanche, la Challenge Cup (100 000 dollars d’allocation, 2 413 mètres de distance), le samedi suivant.
A l’avance les journaux annoncent un nouveau duel Idéal du Gazeau – Jorky, les deux trotteurs, qui en l’absence de Classical Way, Burgomeister et Final Score, dominent le trotting mondial avec une supériorité éclatante.
Il y a encore huit chevaux au départ de la Challenge Cup, les cinq premiers du Roosevelt International : Idéal du Gazeau, Jorky, Pamir Brodde, Motor Mouth et Ceox, et trois autres trotteurs américains, Able Mission, troisième de l’American Trotting Championship, Super Marty, leader des trotteurs californiens, et Wonder Child.
De l’avis général, aucun des trois nouveaux venus ne semble capable d’inquiéter Idéal du Gazeau et Jorky, seul Able Mission, avec une course plus heureuse que dans le Championnat Américain, peut espérer une troisième place.
Enfin, il est admis que Jorky, s’il reste sage avant la course, peut très bien prendre sa revanche sur « Idéal » et inscrire son nom au palmarès de cette belle épreuve.
Pamir Brodde profite de sa position privilégiée pour prendre rapidement la tête et la corde jusqu’au dernier passage devant les tribunes, où le train s’accélère encore sous l’impulsion d’Idéal du Gazeau, qui déborde le trotteur suédois, quand Jorky à son tour se lance dans la bataille ; un duel palpitant commence entre les deux champions français.
Dans le dernier tournant, Jorky attaque Idéal du Gazeau et prend sur lui un léger avantage, tandis que Pamir Brodde sur ses fins cède complètement.
Sous l’attaque de Jorky, Idéal du Gazeau, qui n’aime pas être « chatouillé » (on le sait) commet une légère faute, mais Eugène Lefèvre le reprend aussitôt.
Dans les tribunes, la tension monte, les clameurs résonnent de partout. C’est que la lutte que se livrent les deux trotteurs français est splendide.
Derrière Idéal et Jorky, les autres sont archi-battus.
Durant toute la ligne droite, Jorky tente de décramponner Idéal du Gazeau.
Qui l’emportera ? La lutte est indécise, le suspense tient le public en émoi, chacun retient son souffle : Idéal – Jorky ? Jorky – Idéal ? Jorky ? Idéal ? Le poteau est franchi !
Qui a gagné ?... Soudain c’est l’explosion dans les tribunes lorsque le résultat est affiché : dead-heat ! Les deux champions ont franchi la ligne d’arrivée dans la même battue.
La photo-finish ne peut les départager. C’est un véritable exploit que viennent d’accomplir Idéal du Gazeau et Jorky, qui après 2 413 mètres de course terminent tous les deux premiers ex aequo ! Un dead-heat historique à New York.
Une fois de plus la Marseillaise retentit, tandis que Jorky et Idéal du Gazeau effectuent leur tour d’honneur sous les ovations du public littéralement déchaîné ; et c’est sous les cris de « Vive la France ! » qu’Idéal du Gazeau et Jorky quittent la piste de leurs exploits, tandis que les 20 000 spectateurs continuent d’applaudir.
Les Français présents ce soir-là sur l’hippodrome de Roosevelt vivent un moment inoubliable. Grâce à deux chevaux merveilleux, Idéal du Gazeau et Jorky, ils ressentent en effet l’immense plaisir d’être Français !
Enfin, signalons qu’Idéal du Gazeau et Jorky ont tous les deux triomphé sur le pied de 1’16’’9, le deuxième meilleur temps de la course.
Le trotteur californien Super Marty est troisième à quatre longueurs des deux français, Able Mission est quatrième à sept longueurs.
Après cette étonnante démonstration, on en est convaincu : Idéal du Gazeau et Jorky sont bien les deux meilleurs trotteurs du monde ! N’ont-ils pas dominé avec le même brio le Prix d’Amérique, le Roosevelt International et la Challenge Cup ? Ne sont-ils pas actuellement les deux leaders du Grand Circuit International Européen avec une égalité de 15 points ?
Jorky éprouve maintenant le besoin de se faire applaudir sur son sol natal, après une courte période de repos bien mérité. Il a choisi pour sa rentrée française, la capitale champenoise dans laquelle se dispute le Grand Prix de la Ville de Reims (2 250 m), le dimanche 20 septembre 1981. Or, le même jour, Idéal du Gazeau, à des centaines de kilomètres, participe au Grand Prix d’Aby à Göteborg en Suède.
Les deux champions du trot français attaquent ainsi sur deux fronts.
En compagnie d’Igor du Beauvoisin, d’Ispahan et de Jacob du Chignon, lauréat de cette épreuve l’an dernier, Jorky va tenter de rendre 50 mètres aux chevaux du premier poteau, et 25 mètres à ceux du second. Mais c’est très détaché, qu’il franchit victorieusement le poteau d’arrivée, pulvérisant ainsi le record de la piste établi un an plus tôt par Jacob du Chignon en 1’18’’5. Jorky lui réalise tout simplement 1’17’’1 !
Igor du Beauvoisin, à plus d’une seconde de Jorky, est un facile second, mais Koelpinia parvient courageusement à conserver la troisième place devant le remarquable Ispahan.
Jorky a laissé passer une occasion, celle d’améliorer son score au classement du Grand Circuit, mais il ne doit pas manquer le rendez-vous du dimanche 4 octobre à Munich, où l’absence d’Idéal du Gazeau doit lui permettre de réitérer sa victoire de l’an dernier dans le Prix des Meilleurs (2 625 mètres, 200 000 DM).
Jorky, bien entendu, est le grandissime favori, mais on lui oppose le suédois Mustard et le finlandais Keystone Patriot, qui vient de tenir tête à Idéal du Gazeau dans le Grand Prix de Finlande.
Au signal, Keystone Patriot, Super Male, Jorky et Mustard s’élancent le plus vite derrière l’autostart, tandis qu’Igor du Beauvoisin au galop est éliminé d’office.
L’ordre ne change guère durant un tour, au bout duquel Jorky, le grand favori, passe déjà à l’attaque, rejoint le leader Keystone Patriot, lui fausse compagnie, creuse le trou, et s’envole vers une éclatante victoire, tout en affichant une supériorité écrasante sur tous ses adversaires, dont Istraeki, qui poursuit son rush intrépide pour s’octroyer une probante deuxième place devant les finlandais Super Male et Keystone Patriot, qui commençait à trouver la distance un peu longue pour ses aptitudes.
Jorky signe cette nouvelle victoire ridicule de facilité sur le pied de 1’18’’4.
Jorky semble bouder le titre de « champion d’Europe », malgré ses immenses moyens, mais il n’hésite pas à remettre son prestige en jeu à Amiens où il s’attaque pour la première fois au fameux Iris de Vandel, l’une des idoles des turfistes parisiens, que son état de hongre empêche de courir les plus grandes épreuves internationales de Vincennes comme le Prix d’Amérique, qui se dispute en hiver, la saison préférée de ce grand champion, celle qui le rend quasi-invincible. La rencontre Jorky – Iris de Vandel, faisant figure d’événement, a lieu en nocturne sur le bel hippodrome du Petit-Saint-Jean à Amiens, le samedi 31 octobre 1981, à l’occasion du Prix du Président Emile Fossé (2 400 mètres).
Malgré un détestable petit crachin, la foule est venue nombreuse pour admirer les deux champions. Il faut dire qu’autour de Jorky et d’Iris de Vandel, la société picarde a su réunir un plateau de choix avec notamment Istraeki, Khali de Vrie, Kaprius, Infant d’Autize, Jackson, Idylle du Corta, Jiquier, qui ont également effectué le déplacement.
Jorky est bien sûr le grand favori, mais on lui oppose assez sérieusement Iris de Vandel. Après le défilé, le départ est donné à l’autostart et, d’entrée de jeu, les ténors montrent au public leurs bonnes résolutions : Iris de Vandel, Jorky, Istraeki et Khali de Vrie mènent tous les quatre détachés du reste du peloton.
Mais c’est Iris de Vandel qui se montre le plus véloce ; il a pris un départ fantastique derrière l’autostart et il impose aussitôt un train d’enfer. Attendant son heure, Jorky suit en bonne position. Iris de Vandel va très vite et l’ordre ne change pas durant le premier tour.
A la sortie du virage, Jorky a rejoint Iris de Vandel, la bagarre a commencé. Sous les acclamations du public enthousiaste, le rythme s’accélère, le suspense s’intensifie.
A l’entrée de la ligne droite, Jorky prend le meilleur et augmente encore son avance. On croit alors qu’il a gagné et l’on attend son envolée, mais Iris de Vandel, extraordinaire de courage, revient sur le fils de Kerjacques à mi-ligne droite. Jusqu’au poteau d’arrivée, les deux champions vont lutter ainsi « à couteaux tirés ». Iris de Vandel s’accroche, Jorky se déchaîne, puisant dans ses ressources, donnant le maximum. Alors là seulement, Iris de Vandel doit s’incliner, Jorky fait la différence pour s’imposer avec une longueur d’avance.
Les deux champions ont droit à une véritable ovation.
A distance, Istraeki s’octroie sans problème la troisième place devant Khali de Vrie, Infant d’Autize, Jiquier, Kaprius…
Jorky signe son nouveau succès sur le pied de 1’17’’, Iris de Vandel est pour sa part crédité de 1’17’’2, Istraeki de 1’17’’5, Khali de Vrie de 1’17’’8 et Infant d’Autize de 1’18’’.
Le dimanche 22 novembre 1981, à Milan, se dispute le Grand Prix des Nations (2 100 mètres, 150 millions de lires), la dernière épreuve du Grand Circuit International Européen.
Idéal du Gazeau et Jorky se retrouvent pour la première fois depuis leur exploit new-yorkais et affrontent pour la première fois aussi le nouveau crack de la Péninsule, l’italo-américain Gator Bowl, un fils de Super Bowl, dont la renommée va grandissante.
Ce nouveau phénomène italien, d’origine américaine, a de quoi impressionner Idéal du Gazeau et Jorky. Les Italiens affirment d’ailleurs qu’il est capable de les battre à la régulière. En fait, les trois champions vont assurer le spectacle et tenir toutes les promesses, en s’octroyant de façon magistrale les trois premières places, Idéal du Gazeau l’emportant d’extrême justesse sur Jorky, lui-même gardant un minime avantage sur Gator Bowl.
Ils sont d’ailleurs tous les trois chronométrés dans la même réduction de 1’15’’4 !
Mais Jorky ne peut rester sur une défaite même honorable, aussi n’hésite-t-il pas à s’aligner au départ du Prix de Bretagne (2 800 m), le samedi 28 novembre 1981.
Il s’agit de la première épreuve préparatoire au Prix d’Amérique, dans laquelle il va devoir rendre 25 mètres à tous ses adversaires, ce qui ne l’empêche pas d’être une fois de plus le grandissime favori. Il va justifier pleinement la confiance de ses nombreux supporters.
Au moment propice, Léopold Verroken donne le signal à son partenaire et Jorky aussitôt place un démarrage foudroyant auquel seule Jézabel d’Ouches va pouvoir répondre en s’accrochant courageusement, tandis qu’Idylle Charmeuse semble clouée sur place.
Dans la ligne d’arrivée, la supériorité de Jorky se fait éclatante ; lâchant Jézabel d’Ouches sur une nouvelle accélération, il franchit détaché le poteau de la victoire.
Jézabel d’Ouches conserve courageusement la seconde place devant Iris de Gournay très menaçant. En pleine piste, Illera revient finir très vite pour s’octroyer la quatrième place devant Istraeki, Igor du Beauvoisin, Idylle Charmeuse, Irish Glory, Idylle du Corta…
Dans son envolée, Jorky, qui remporte ainsi sa douzième victoire de l’année, a fait afficher une réduction de 1’19’’ pour les 2 825 mètres de son parcours, un temps remarquable sur un terrain rendu très collant par la pluie. De belle manière, Jorky pose déjà des jalons en vue du Prix d’Amérique.
Sa prochaine sortie est annoncée pour le 19 décembre dans le Prix du Bourbonnais, deuxième étape sur la voie de la plus belle course du monde.
Le samedi 28 novembre est un grand jour pour Léopold Verroken car quelques minutes après Jorky, il conduit à la victoire son autre « chef-d’œuvre », l’étonnant Kisin, qui affiche lui aussi une supériorité écrasante sur ses principaux adversaires : Khali de Vrie, Katinka, Kivien, Kaprius, King Black, Kapulco, dans le Prix Doynel de Saint-Quentin (2 800 m).
Or, le samedi 19 décembre, Léopold Verroken présente ce même Kisin au départ du Prix du Bourbonnais (2 600 m). L’absence de Jorky provoque une vive déception parmi ses admirateurs, des bruits inquiétants circulent à son sujet : - Il souffre d’un mal mystérieux, sa participation au Prix d’Amérique est compromise.
Tout cela n’a rien de rassurant, mais Kisin supplée magnifiquement son illustre compagnon d’entraînement en s’octroyant une belle victoire devant un remarquable Kaiser Trot, qui précède Katinka, Lançon, Hêtre Vert, Infante d’Aunou, Ino Ludois, Istraeki…
Jorky est engagé dans le Prix de Belgique (2 600 m), disputé le dimanche 17 janvier à quinze jours du Prix d’Amérique. Malheureusement, il ne répond pas présent à l’appel, les rumeurs circulant à son sujet sont fondées, Jorky (hélas) souffre d’une para-phlébite provoquant des troubles circulatoires et l’inflammation d’une veine de l’antérieur gauche près du tendon. Dans ces conditions, il aurait été dans l’impossibilité de se livrer complètement en course. Sa participation au Prix d’Amérique devient improbable.
On pourrait penser qu’il laisse la voie libre à son grand rival, Idéal du Gazeau. Mais l’histoire prend parfois des tournures inattendues…
On se souvient qu’en 1979, dans le Prix d’Amérique, Léopold Verroken, avec Eléazar a ouvert la corde à High Echelon, que drivait Jean-Pierre Dubois. Or, Jean-Pierre Dubois, qui a une dette en quelque sorte envers Léopold Verroken, va se charger de battre Idéal du Gazeau, et de remporter les trois courses que Jorky semblait en mesure de gagner : le Prix d’Amérique, le Prix de France, et le Grand Critérium de Vitesse, non pas avec High Echelon, mais avec un autre « fantôme » surgi du passé, Hymour, un descendant de Jamin, comme lui issu du haras des Rouges Terres, et un ancien challenger d’Hadol du Vivier.
Jorky à Amiens, la nuit où il battit Iris de Vandel dans le Prix du Président Emile Fossé 1981. (Photo de Francis Annocque)
Jorky remporte le Prix de Bretagne 1981 en rendant 25 mètres à tous ses adversaires. (Photo de Francis Annocque)
Jorky, hors course durant tout l’hiver, puis le printemps durant lequel il fonctionne comme étalon, attend l’été pour effectuer une petite rentrée victorieuse dans le nord de la France, à La Capelle, près de Lille, dans le Prix de la Grande Thiérache (2 700 m), qu’il remporte en 1’18’’6 devant un autre « ressuscité », Kapulco, ancien chef de file de sa génération au sulky. Ce retour prometteur permet à Jorky de partir favori du Prix d’Europe (2 800 m), clou du festival d’été à Enghien (qu’il a déjà remporté en 1980), bien que devant rendre 25 mètres à un certain King Black alors en état de grâce.
Encore à court de condition et malgré une fin de course époustouflante, Jorky doit se contenter d’une probante deuxième place à une encolure de King Black, juste devant Ianthin. La performance de Jorky, visiblement en forme ascendante, est jugée suffisamment bonne pour qu’il accompagne à nouveau Idéal du Gazeau dans la grande aventure new-yorkaise où ils ont tous deux des titres à défendre.
Mystic Park, le jeune phénomène américain, vainqueur impressionnant de l’American Championship en temps record face à ses aînés à seulement 3 ans, mais victime par la suite d’inflammations aux pieds, est finalement écarté du Championnat du Monde, disputé dans le Roosevelt International Trot (2 011 m) à la fin du mois d’août.
Iris de Vandel, auteur de plusieurs victoires et bonnes performances aux Etats-Unis et au Canada, mais ayant déçu sur l’anneau de Roosevelt, doit lui aussi renoncer à ce titre flatteur de « champion du monde » qu’on rêvait de lui faire conquérir.
Une incartade de Spice Island empêche Jorky de s’imposer, ce qui permet à Idéal du Gazeau de renouveler en 1’17’’6 sa victoire de l’an dernier, malgré Zebu, Nino Blazing, Jorky, bien revenu, qui se classent dans cet ordre, alors que Ghendero, Erin’s Jet et Spice Island, fautifs, ont perdu toutes chances.
Idéal du Gazeau a gagné si facilement le Roosevelt International qu’il semble imbattable dans la revanche, la Challenge Gold Cup (2 413 m), disputée une semaine plus tard, mais il joue de malchance, ce dont profite Jorky pour forcer l’allure dans le dernier tournant, obligeant Spice Island à rétrograder.
Gêné à nouveau, Idéal du Gazeau est à la faute, tandis que Jorky impérial triomphe pour la seconde fois dans cette course, sur le pied de 1’17’’1. Nino Blazing se classe deuxième devant Spice Island, Idéal du Gazeau, seulement quatrième mais avec des excuses…
Ainsi, comme en 1981, Idéal du Gazeau et Jorky sont les grandes vedettes de Roosevelt Raceway pour avoir remporté les deux grandes épreuves estivales ouvertes aux étrangers, faisant retentir par deux fois la Marseillaise.
Jorky est aussi le héros de la capitale bavaroise en remportant pour la troisième fois consécutive le Prix des Meilleurs (2 600 m), s’imposant avec une supériorité incroyable sur tous ses adversaires dont Istraeki, qui termine deuxième à cinq ou six longueurs, lui-même très détaché de E. O. Brunn, Keystone Patriot, Ino Ludois…
Jorky signe cette nouvelle victoire sur le pied de 1’17’’2, améliorant ainsi son propre record dans cette course. La société bavaroise crée en son honneur le Prix Jorky, qui lui rend hommage sur ce même hippodrome de Munich.
Mais après une troisième victoire consécutive à Amiens dans le Prix du Président Emile Fossé (2 400 m), où il a raison d’une courageuse Katinka, Jorky va connaître de nouveaux problèmes à sa jambe antérieure gauche, l’empêchant encore une fois de participer au prochain meeting d’hiver de Vincennes et donc au Prix d’Amérique 1983.
Durant cette année 1983, Jorky se fait de plus en plus rare en compétition, s’illustrant surtout en Allemagne, notamment dans le Grand Prix de Dinslaken (2 550 m), le 11 septembre 1983, qu’il remporte en 1’20’’8, devant Khali de Vrie, Snack Bar, E. O. Brunn, Spice Island, Kombo…
Le dimanche 2 octobre 1983 est aussi un grand jour pour Jorky puisqu’il tente d’inscrire pour la quatrième fois son nom au palmarès du Prix des Meilleurs (2 150 m) disputé à Munich, qu’il a déjà remporté trois années consécutives (1980, 1981, 1982).
Mais encore à court de condition, il manque de souffle pour rejoindre la très bonne pouliche allemande Babesia, avantagée de 25 mètres.
Derrière le suédois E. O. Brunn, il doit se contenter d’une honnête troisième place, bien que trottant aussi vite (1’17’’2) que lors de sa victoire en 1982.
Jorky fait un peu mieux le dimanche 16 octobre 1983, à Kuurne en Belgique, dans le Grand Prix Fernand Talpe (2 300 m). Malgré un retour impressionnant, il ne peut tout à fait rendre son handicap de 20 mètres au « nouveau belge » Képi du Tanu, que mène Paul Maertens, en présence de la ravissante Miss Belgique.
Mais les Belges sont contents ; ils ont pu admirer l’un des plus grands trotteurs de Vincennes dans ses œuvres, tout en chantant la Brabançonne, malgré les origines françaises de leur nouveau champion.
Certes, on n’a pas vraiment revu le grand Jorky, impérial et combatif, que l’on a connu et aimé. Il n’est plus le « meilleur ».
Une fois pourtant, une dernière fois, il redevient le grand Jorky, pour sa deuxième et dernière tentative dans le Prix d’Amérique, le 29 janvier 1984, où on le voit donner une formidable réplique à Lurabo, le grand favori jugé imbattable ; en revenant l’attaquer dans la dernière ligne droite, Jorky l’oblige à lutter, à sortir le grand jeu. D’ailleurs, malgré la pluie battante, ils ont fait afficher le deuxième meilleur temps de la course (1’17’’).
Aussi l’ovation que le public réserve à Jorky durant le défilé du Prix de France laisse un souvenir inoubliable. Il est pratiquement autant applaudi et acclamé que Lurabo, lequel Lurabo doit réaliser un exploit dans ce Prix de France (2 100 m), en abaissant le record déjà impressionnant de Classical Way (1’14’’2) à 1’13’’7.
Jorky lui, blessé, finit la course en boitant. Il va à nouveau disparaître des pistes pour rentrer au haras cette fois définitivement.
Peut-être pas ? Léopold Verroken se propose de le remettre à l’entraînement pour le festival hivernal 1985. Va-t-on assister à une réédition des adieux d’Eléazar avec un doublé Prix d’Amérique – Prix de France, cette fois à l’actif de Jorky maintenant âgé de 10 ans ?
Hélas ! Le mauvais temps, la neige rendent la piste d’entraînement de Bernay-en-Brie impraticable et Jorky, toujours marqué par le Destin, doit renoncer à ce formidable rêve.
C’est au haras qu’il s’illustre désormais, produisant Riche, Rocky d’Arc, Romane Sautonne, Sa Force, Sérénissimo, Star d’Azeray, Tiarko, Timorky, Urane Sautonne, Useria, Vita Nuova, Bridge, de bons chevaux, mais pas de champions à son image.
Il va mourir encore jeune, sans « épouser » Classical Way avec laquelle on espérait le « mariage du siècle », qui aurait allié au sang de Kerjacques, étalon du siècle en France, celui de Star’s Pride, étalon du siècle aux Etats-Unis.
La mère de Classical Way, Kerry Way étant en effet une fille de Star’s Pride.
Jorky a gagné 8 778 800 francs en course et établi un record de 1’13’’1.
Il s’est éteint, à l’âge de 14 ans, d’une rupture d’estomac, dans la nuit du 28 au 29 mars 1989. Mais pour ceux qui l’ont aimé et admiré il est toujours bien vivant.
Plus que Tony M, Dimitria ou même Eléazar, il est le plus beau chef-d’œuvre de Léopold Verroken, et aussi le joyau de l’élevage de Bernard Billard. Or, Jorky était aussi un caprice, un miracle de la nature, qui selon les lois de la génétique n’aurait jamais dû exister, car il y avait une incompatibilité sanguine entre Kerjacques et Vanina B.
Il a donc accompli son premier exploit dès sa naissance en défiant les lois de la nature ; ainsi la naissance de Jorky est aussi une victoire, une victoire contre les lois naturelles !
Cette génération des « J » fut aussi celle de Jeune Orange, championne classique sous la selle, qui se classa deuxième d’High Echelon dans le Prix des Centaures 1979 et deuxième de Gamélia dans le Prix de Cornulier 1980.
Elle avait aussi gagné le Prix d’Essai 1978, le Prix des Elites 1978, le Prix du Président de la République 1979, et à l’attelage le Prix Henri Cravoisier 1978, à Enghien.
Le beau Jiosco lui fut deuxième d’Hymour (battu d’un nez) dans le Prix d’Amérique 1982 couru en temps record, deuxième d’Idéal du Gazeau (en lui rendant 25 mètres) dans le Prix de Paris 1982, mais gagna le Prix des Ducs de Normandie 1981 à Caen, le Prix d’Eté 1981, le Prix Thiéry de Cabanes 1981, le Prix Jockey 1980, le Prix Ovide Moulinet 1980…
Il devait terminer sa carrière par une deuxième place derrière Igor du Beauvoisin, mais devant Hymour, dans le Grand Prix Fernand Talpe 1982 à Kuurne en Belgique.
Ce magnifique alezan arborant liste en tête, très signé par son père Quioco, ne fit pas la carrière qu’il aurait méritée en raison de problèmes de dos.
Même les plus beaux athlètes peuvent être fragiles.
Jarnibleu lui sait fait connaître en gagnant le Prix de Belgique 1982, dans lequel on attendait plutôt Kisin, le suppléant de Jorky. Il fut aussi troisième du Prix de France, derrière Hymour et Idéal du Gazeau, mais devant Jiosco, et quatrième du Prix de Paris, derrière Idéal du Gazeau, Jiosco et Katinka, en cette même année 1982. Auparavant, il avait gagné le Prix du Cotentin à Graignes et le Prix Robert Auvray à Argentan, mais on l’avait vu à trois reprises dominé par Joachim, ce qui n’en faisait pas un cheval de Prix d’Amérique a priori.
Fleuron Perrine a renouvelé l’exploit de Jorky en gagnant comme lui les trois grands Critériums (3 ans, 4 ans, 5 ans), mais il n’a pas gagné le Critérium Continental et ne s’est pas non plus imposé à l’étranger, contrairement à Jorky, qui a gagné partout.
Jorky remporte l'Elitloppet 1981
Jorky remporte l'Elitloppet 1981
Dead-heat à New York 1981 (Idéal du Gazeau et Jorky)
Grand Prix des Nations à Milan (1980) Jorky
Copenhagen Cup 1981 Jorky bat Idéal du Gazaeau